CONFERENCE A L’ARCHEO-LOGIS DE GOUDET

Jeudi 27 juillet à 21 heures :

Cycle de conférences : Les Jeudis de L'Archéo-Logis

" L'Homme préhistorique et le volcanisme "

par Gérard Vernet, AFAN  

(, CDERAD, Archéo-Logis de Goudet, 2000)

 
Gérard VERNET, géo-archéologue, spécialiste de l'étude des retombées volcaniques en contexte archéologique, a soutenu une thèse consacrée aux cendres de la Chaîne des Puys conservées dans les sols de la plaine de Limagne. Actuellement Ingénieur à l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales (AFAN), il dirige d'importantes opérations archéologiques en région Auvergne et poursuit ses recherche dans le Massif Central français, mais également en Italie méridionale et outre-mer en Martinique en collaboration avec le Département de Géographie de l'Université de Clermont et le CNRS.

Les colères des volcans ont de tout temps impressionné les populations qui vivaient dans leur voisinage. Pour la période historique, les relations entre les hommes et les volcans nous sont plus ou moins bien connues ; en revanche, pour la période préhistorique, il est beaucoup plus difficile de comprendre l'impact du milieu volcanique actif sur les populations. L'étude de sites préhistoriques et de leurs environnements dans différentes parties du monde (Massif Central français, Italie méridionale, Martinique, .) permet d'apporter les premiers éléments de réponse sur la vie de ces hommes confrontés aux éruptions. S'il est clair que des catastrophes ont directement affecté certaines de ces implantations humaines, elles ont également perturbé l'environnement de façon durable et contribué à changer les habitudes des groupes humains. Mais le milieu volcanique ne doit pas être vu sous son seul aspect négatif ; le volcanisme a en effet apporté à l'homme préhistorique des éléments d'amélioration de la vie quotidienne : très certainement le feu, la matière des premiers outils, des abris, des sols fertiles, des eaux thermales etc. Ce n'est donc sans doute pas tout à fait un hasard si l'humanité vit vraisemblablement le jour auprès des volcans, quelque part en Afrique orientale.

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Gérard Vernet prélèvant des échantillons dans des dépôts
volcaniques en Campanie (Italie méridionale).

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 Après avoir rappelé brièvement les différents types d'événements volcaniques auxquels furent confrontés nos ancêtres, le conférencier nous entraînait d'abord en Basse Auvergne, au pied de la Chaîne des Puys, où l'homme de Néandertal, puis Cro-Magnon, eurent à faire face aux dangereuses explosions du volcanisme bordier de la Limagne puis de la Chaîne des Puys.

Si les sites préhistoriques directement affectés par ces éruptions sont encore peu nombreux a être recensés, le conférencier insistait sur l'am-pleur des modifications durables des environnements végétaux qui s'en suivirent et eurent forcément des conséquences sur les populations animales et donc sur stratégies d'occupation des territoires par nos ancêtres.

Parmi les exemples significatifs, on citait les retombées de cendres du Puy de la Nugère qui ont recouvert plusieurs milliers d'hectares en Limagne et atteint l'habitat magdalénien de l'abri sous roche d'Enval, près de Vic-le-Comte, il y a 12000 ans environ; impressionnant également l'exemple des coulées de boue et des retombées de l'éruption du Puy Chopine qui atteignirent la Limagne à Marsat, près de Riom, à12 kilomètres du volcan, et recouvrirent les restes d'un campement de chasseurs de la fin des temps glaciaires. Mais les hommes surent tirer parti des effets du volcanisme et occupèrent très tôt les rives des lacs de cratères et les abris sous roche formés au pied des falaises basaltiques et fabriquèrent des outillages en roches volcaniques.

Les éruptions historiques permettent de comprendre les mécanismes et de mieux apprécier les situations préhistoriques. Nous fûmes donc conviés à un voyage en Italie, au pied du Vésuve, où les archéologues remontent le fil des éruptions depuis 79 après JC, date de la destruction d'Herculanum et Pompéi. On découvrit ainsi les villages, les champs et les chemins de l'âge du bronze, ensevelis sous les cendres de l'éruption des ponces d'Avellino, puis les grottes et abis sous roche qui furent atteints, à plus de 150 km de Naples, par la formidable éruption de l'ignimbrite campanienne, la plus importante des temps préhistoriques, il y a environ 35000 ans.

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Les habitants d'Herculanum ont été calcinés par les nuées
ardentes du Vésuve en 79 après JC.

Plus loin encore dans le passé, l'auditeur découvrait un volcan italien méconnu, le Monte Vulture, dont les éruptions ont rythmé les occupations préhistoriques régionales, il y a 600 000 ans : vestiges d'éléphants et outils de l'Acheuléen reposent sous les cendres et les coulées pyroclastiques préservées dans le bassin de Venosa, au coeur de la province du Basilicate. Ces sites sont contemporains des plus anciennes occupations préhistoriques connues dans le bassin du Puy, à Soleilhac notamment.

Le voyage se terminait en Martinique, au pied de la Montagne Pelée, célèbre pour son éruption de mai 1902 qui détruisit la ville de Saint-Pierre. Les premiers habitants des Caraïbes, populations précolombiennes, y ont laissé d'innombrables vestiges scellés sous plusieurs couches de ponces qui témoignent d'autant d'éruptions dévastatrices du volcan qui poussèrent les populations à progressivement occuper la partie sud de l'île. Une discussion générale devait suivre l'exposé.

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