CONFERENCES 2005 |
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Archéo-Logis de Goudet - 21 heures – entrée 2 €
4 août 2005:
Au Gabon, la
civilisation des clairières de l’Ogoué,
par Bernard PEYROT, Ministère de la Coopération.
Bernard PEYROT
9, chemin de la grande terre,
43400 Le Chambon sur Lignon
Tél. 04.71.59.28.76
En Afrique centrale, au cœur de l’aire
forestière du Gabon, sur la boucle du fleuve Ogooué qui tangente la ligne
équatoriale, de petites clairières de savanes héritées des grands changements
climatiques et paléoenvironnementaux du quaternaire, ont abrité une succession
de cultures préhistoriques, de l’Acheuléen aux fondeurs de fer faisant de cette
région le berceau d’une prodigieuse préhistoire totalement ignorée jusqu’à une
époque récente.
Voilà plus de 100.000 ans dans un contexte
ouvert de savanes, des groupes acheuléens évoluaient près de rivières
torrentueuses pourvoyeuses de galets, base de leur outillage grossier de galets
taillés, bifaces et pics.
Après un court hiatus
correspondant à une colonisation forestière vers 40.000 ans, la grande
aridification du pléistocène supérieur vit le développement des sociétés de
tailleurs de pierre qui perfectionnèrent une remarquable panoplie d’outils de
pierre taillée, dont témoignent des milliers d’armatures lancéolées et foliacées
qui jonchent les sols érodés des collines.
Plus tard, à l’holocène le climat
s’humidifiant, les hommes de la fin des ages de la pierre maîtrisant mieux les
matériaux, le débitage et la taille d’une industrie plus fine, plus diversifiée
se sont regroupés dans les clairières face à une forêt conquérante. Rompant avec
l’errance d’antan ils y sont implantés plus durablement leurs habitats se « néolithisant ».
Vers 3000 ans, en conjonction avec une
catastrophe climatique sans pareille qui déchira les forêts, de nouveaux groupes
porteurs de céramiques, venus du Nord, vinrent s’installer.
Puis, vers la moitié du dernier millénaire
avant notre ère, des groupes métallurgistes fondeurs de fer parviennent
également par vagues successives sur les berges du fleuve et s’y installèrent à
leur tour entraînant d’importants changements culturels dont la fin des
néolithiques.
Tandis que forts de leur maîtrise du fer et
profitant de couloirs ouverts dans le manteau forestiers certains groupes
s’aventurent au sud de l’Ogooué en direction du Congo, d’autres groupes gravent
à la surfaces d’affleurements rocheux des milliers de figures énigmatiques,
sorte de chronique ou de message dont le code nous reste totalement inconnu
comme il l’est des très rares populations locales. Ces gravures qui constituent
l’apogée de ces cultures préhistorique du Gabon, ont été laissées là par une
civilisation qui s’est évanouie, peut-être éparpillée sous l’effet de vagues
successives de nouveaux immigrants bantou phones ou peut-être effacée par une
tragique rupture de son identité ou un mal mystérieux.
Ainsi, depuis des millénaires, en étroite liaison avec les grands changements survenus dans les environnements quaternaires qui ont profondément marqué la dynamique des paysages en Afrique équatoriale, des sociétés préhistoriques ont évolué sur les berges de l’Ogooué.
11 août 2005:
Quoi de neuf dans la Chaîne des Puys ? par Gérard VERNET, INRAP
Gérard VERNET
Docteur en Géologie du Quaternaire
Ingénieur chargé de recherche à l’INRAP
Chercheur-associé à l’UMR 6042 CNRS
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La fin de l’année 2004
a été marquée par la sortie des presses de la quatrième édition de « La
volcanologie de la Chaîne des Puys », éditée par le Parc naturel des volcans
d’Auvergne. Cet ouvrage comprend un livret de 180 pages et une carte avec une
base de données géo-référencées. En plus de cet ouvrage collectif nouvellement édité, la reprise d’études au sein de la Chaîne apporte quelques idées nouvelles sur la chronologie des différentes éruptions et une plus grande connaissance des téphras proximales de certains volcans, par exemple Le Puy de Pariou. |
La poursuite des travaux de téphrochronologie au pied de la Chaîne, en Grande Limagne, a pour sa part livré d’intéressantes informations sur les événements éruptifs récents de la Chaîne, tout particulièrement les épisodes trachytiques responsables de la croissance des Dômes. Deux nouvelles coupes qui feront référence ont été étudiées à Nohanent et à Gerzat. | |
18 août 2005:
Tectonique des plaques et volcanisme par Guy KIEFFER, CNRS
Guy KIEFFER, chercheur au CNRS s'est formé au volcanisme actif sur l’Etna et ses recherches l’ont également amené à intervenir sur les ensembles volcaniques d'Hawaii, des Iles Galapagos, de la Réunion, du Cap Vert, des Canaries, des Açores, d'Islande, mais également de Djibouti et d'Ethiopie, d'Amérique Centrale et du Sud... Il s’est aussi intéressé au volcanisme ancien et a travaillé sur les vieux volcans du Massif Central français. Il nous invite aujourd'hui à découvrir les relations entre la tectonique des plaques et le volcanisme.
Il existe des relations assez étroites entre la tectonique des plaques et le volcanisme Ce dernier se manifeste surtout le long des déchirures de l'écorce terrestre que sont les limites de plaques qui elles-mêmes, se déplacent les unes par rapport aux autres Les caractères du volcanisme varient selon le type de contact entre plaques.
Sur les contacts divergents des plaques qui s'éloignent les unes des autres en déterminant les rides médio-océaniques, le volcanisme est basaltique et effusif, avec des laves fluides qui dans les fonds marins, se mettent en place sous forme de "pillow lavas" et contribuent à l'accrétion des plaques océaniques qui constituent le plancher des océans.
Le long des contacts convergents, où généralement une plaque océanique plonge par subduction sous une plaque continentale, se développe un volcanisme explosif en rapport avec la production de laves acides et visqueuses dûes à la fusion des plaques entrainées en profondeur.
A l'intérieur des plaques, des montées de magma profond déterminent les points chauds qui, pendant des millions d'années, assurent la persistance d'un volcanisme fixe malgré les mouvements des plaques.
Les tensions développées sur ces limites de plaques et les mouvements qu'elles engendrent sont à l'origine de séismes, beaucoup plus violents sur les contacts convergents et parfois à l'origine de tsunamis comme celui qui a dévasté les zones littorales d'une partie du Sud de l'Asie le 26 Décembre 2004.
ADAM ET SES FRÈRES OU LES IRONIES DE LA PRÉHISTOIRE.
par Robert SEGUY, Président de l’Association des Amis du Musée Crozatier et Président d’Honneur de l’Archéo-Logis/CDERAD
Toutes les
civilisations ayant vécu sur terre, pour répondre aux interrogations de toujours
- Qui sommes nous ? D'ou venons nous? - ont forgé, créé ou se sont imposé des
croyances, des mythes fondateurs, voire des religions.
Pour nous, issus d'une
tradition Gréco-judéo-chrétienne, ce sont les écrits de la Bible au chapitre de
la Genèse qui durant prés de 3 000 ans nous ont fourni des réponses plus ou
moins satisfaisantes. Le mythe d'Adam et Eve perdura longtemps et même
aujourd'hui encore, certaines écoles de pensée voudraient l'imposer comme vérité
scientifique.
La première ironie de
la préhistoire s'est produite dans les années 1856 avec la découverte d'un
fossile dans la vallée du Néander prés de Dusseldorf en Allemagne. L'aspect
physique de ce fossile bouleversait à tel point les certitudes philosophiques de
l'époque que les savants refusèrent de le reconnaître comme un ancêtre probable
de l'homme. Le hasard a ainsi voulu que ce premier fossile vienne contredire
l'enseignement d'une création parfaite, à l'image d'un dieu.
Par contre en 1868 la
mise au jour à Cro-Magnon, d'un fossile qui nous ressemblait ,fiit sans aucun
problème suivi de son admission dans la lignée humaine, par la communauté
scientifique de l'époque.
Lorsqu'en 1924, Dart
découvrit au lieu dit Taung, en Afrique du sud, un fossile possédant une face
simiesque et un endo-crâne hominien, là encore, l'attribution de ce fossile se
heurta aux certitudes du monde scientifique, et l'Australopithèque, tel était le
nom que Dart lui avait donné, ne fut admis au sein du rameau conduisant à
l'humanité que quelques vingt ans plus tard, lorsque bien d'autres fossiles
analognes eurent été découverts.
Au cours de son exposé,
le conférencier s'attachera à caractériser ce qui fait le propre de l'homme,
présentera et discutera l'arbre généalogique de notre espèce à la lumières des
plus récentes découvertes, des lointains australopithèques à l'homme moderne, et
tentera enfin de situer les acquis de la paléontologie humaine dans le grand
débat philosophique d'aujourd'hui concernant la théorie de l'évolution.
1er septembre 2005:
Madère : une île volcanique atlantique par Guy KIEFFER, CNRS.
Guy KIEFFER, chercheur au CNRS. s'est formé au volcanisme actif sur l’Etna et ses recherches l’ont également amené à intervenir sur les ensembles volcaniques océaniques d'Hawaii, des Iles Galapagos, de la Réunion, du Cap Vert, des Canaries, des Açores, d'Islande… Il nous invite aujourd'hui à découvrir les relations entre la tectonique des plaques et le volcanisme.
Avec les Açores, les Canaries et les îles du Cap Vert, l'île portugaise de Madeira fait partie de la Macaronésie. Elle se situe dans l'Océan Atlantique par 33° de latitude Nord, à 630 km à l'Ouest de la côte marocaine et à 900 Km de Lisbonne. Avec 735 km2, elle est la principale d'un archipel de 5 îles. Elle mesure 58 Km d'Est en Ouest et 23 Km du Nord au Sud.
Comme les autres îles macaronésiennes, elle est d'origine volcanique et surtout basaltique. Elle est formée par la coalescence de quatre grands centres volcaniques qui ont joué un rôle essentiel dans la formation initiale de l'île et constituent l'ossature élevée de sa partie centrale. Le volcanisme de Madère est associé à une fracture océanique et comporte plusieurs épisodes d'activité éruptive, d'abord sous-marine explosive au Miocène supérieur, puis subaérienne au Pliocène et au Quaternaire. S'épanchèrent alors d'abondantes laves basaltiques (basaltes à olivine, hawaïtes, mugéarites, benmoréites et trachytiques en moindre volume), accompagnées de grandes quantités de produits pyroclastiques. L'activité se termine des phonolites trachytiques, des rhyolites et des pantellerites. Les dernières éruptions ne remontent qu'à quelques milliers d'années.
Son relief tourmenté, sculpté par l'érosion, est spectaculaire avec des sommets déchiquetés culminant à 1861 mètres au Pico Ruivo. Elle est entaillée de gorges profondes (les ribeiras) qui découpent d'impressionnantes falaises côtières. Les ribeiras et les contreforts montagneux, difficiles d’accès, sont restés sauvages. Les cultures en terrasses s’étagent de la mer jusqu’à 700 mètres d’altitude. De 700 à 1000 mètres, c’est le domaine de la forêt primaire (la laurisylva), et au-dessus, un univers essentiellement minéral de lave et de cendre volcanique.
De par l'humidité atlantique, son relief accidenté, sa latitude subtropicale et l’influence du Gulf Stream, Madère possède une flore d’une grande richesse endémique et originaire de tous les continents. La forêt primitive de Madère est exceptionnelle, une relique de l’époque tertiaire, proche des forêts qui recouvraient l’Europe du Sud avant les dernières glaciations. Une forêt subtropicale composée de lauriers et de bruyères arborescentes qui conservent leur feuillage toute l’année, et de plantes endémiques telles l’orchidée, la digitale et la vipérine de Madère. Se sont aussi échappées dans la nature des fleurs ornementales telles les amaryllis, les agapanthes et les hortensias qui bordent les sentiers. Cette végétation lui a valu le surnom "d'Ile aux Fleurs".
L’Obsidienne, or noir de la Préhistoire par Gérard POUPEAU, CNRS
Annulée et remplacée par:
DE NEANDERTAL A L'HOMME MODERNE EN VELAY par J.-P. Raynal
Jean-Paul RAYNAL, chercheur au CNRS, a fouillé en Velay de 1974 à 1996. Il anime chaque été l'Archéo-Logis de Goudet et partage ses activités de recherche entre l'Europe (France, Italie) et l'Afrique (Maroc, Ethiopie). Spécialiste de préhistoire ancienne formé à l'Ecole de Bordeaux sous la direction du professeur François Bordes, il est aussi géologue du Quaternaire et spécialiste de stratigraphie en domaine volcanique.
Après avoir rappelé les contraintes régionales qui posent un cadre strict à l'interprétation des premiers témoignages de la présence humaine en Velay, le conférencier insistera sur les résultats tirés de l'étude de quelques sites-clés de Haute-Loire, la grotte de Sainte-Anne 1 à Polignac, l'abri-sousroche de Baume-Vallée à Solignac-sur-Loire, le gisement des Rivaux à Espaly, la grotte du Rond du Barry à Polignac et quelques autres petits gisements extérieurs au Bassin du Puy. Les études détaillées effectuées dans ces différents sites par de nombreux spécialistes seront évoquées par le conférencier.
La grotte de Sainte-Anne I à Polignac, qui s'ouvre à 790 m d'altitude, sur une fracture du flanc sud du massif de brèches du volcan de Sainte-Anne est le plus ancien site régional où les néandertaliens ont séjourné il y a plus de 150 000 ans alors que le climat était très froid. Plusieurs ensembles archéologiques séparés par des effondrements de voûte et de parois y ont été reconnus. La particularité de ce gisement est de livrer des outillages de pierre façonnés en roches volcaniques locales (surtout plusieurs basaltes et trachy-phonolites).
L'abri de Baume-Vallée à Solignac-sur-Loire, découvert par Alphonse laborde, s'ouvre à 870 mètres d'altitude, au pied d'une falaise basaltique. Les néandertaliens l'ont fréquenté il y a 80 000 ans, lors de parties de chasse saisonnières au Cheval. Ils en ont exploité méthodiquement les caracasses, fragmentant les os pour en récupérer la moelle après avoir décharné les moindres parties consommables. Ils utilisaient principalement le silex pour leurs activités, silex dont les provenances nous renseignent sur les déplacements de ces populations.
es dernières traces des néandertaliens sont connues en particulier dans le site des Rivaux à Espaly avant que l'homme moderne ne le remplace et occupe à son tour les vallées et plateaux vellaves lorsque les périodes glaciaires le lui permettaient. Le plus important site local est la grotte du Rond du Barry à Polignac, où fut découvert en 1988 par Roger de Bayle des Hermens un crâne d'Homme moderne.
15 septembre 2005:
Nos origines aux portes de l’Europe : découvertes récentes en Bulgarie par Aleta et Jean-Luc GUADELLI, CNRS.
Aleta Nikolova Guadelli, spécialisée dans l'étude des outils en os travaille actuellement à Goudet sur les riches collections de la grotte du Rond du Barry en compagnie de Jean-Luc Guadelli, paléontologue au CNRS. Ils se proposent de vous faire découvrir certains aspects de la préhistoire de Bulgarie. Encore peu connue de la plupart des préhistoriens ouest-européens, la Bulgarie s'impose en effet peu à peu comme un pays-clé pour comprendre l’apparition de l’Homme en Europe et l'origine de certaines cultures préhistoriques.
Leurs travaux sont menés depuis 20 dans le cadre de la coopération scientifique et technique entre le CNRS, l’Académie Bulgare des Sciences et la Mission Préhistorique française en Bulgarie du Nord avec le soutien du Ministère des Affaires Etrangères. Ils concernent Les premières manifestations de la présence humaine dans les Balkans . et reposent sur des fouilles modernes conduites dans plus d’une dizaine de sites archéologiques.
Dans la grotte de Temnata Dupka (Bulgarie du Nord), ont été découvertes les plus anciennes manifestations de la présence humaine dans cette région sous la forme d'un outillage moustérien daté de 185.000 environ. Les niveaux supérieurs ont livré entre autre un galet gravé dans des niveaux datés entre 67 000 et 50 000 ans, les témoignages d'une présence aurignacienne vers 46.000 ans et enfin une longue séquence du Gravettien entre 30 000 et 13 000 ans avant notre ère.
La grotte Kozarnika, située dans le Nord-Ouest de la Bulgarie, dans le nord de la partie occidentale des Prébalkans près de la plaine danubienne, à quelques 30 kms de la frontière serbe. Elle renferme 21 couches sédimentaires qui contiennent de bas en haut : des industries du Paléolithique inférieur, du Paléolithique moyen, un Paléolithique supérieur ancien encore non déterminé mais qui n’est pas de l’Aurignacien, une séquence d’une industrie originale lamellaire à pièces à dos appelé Kozarnikien mais qui appartient au groupe des Gravettien et enfin du néolithique ancien, énéolithique récent, Âge du Bronze récent, Moyen-Âge et période ottomane.
La base de la séquence paléolithique inférieur est datée par les rongeurs et la grande faune entre 1,6 et 0,8 millions d'années (couche 11c) et son sommet entre 0,6 et 0,4 million d'année. Elle contient un outillage de pierre originale qui n'appartient pas à l'Acheuléen connu ailleurs au Moyen-Orient et en Afrique. Une incisive supérieure lactéale droite a été découverte dans la couche 13. De la couche 12 on a exhumé le plus ancien témoignage d’une activité « symbolique » sous la forme d'ossements gravés.
La Bulgarie révèle ainsi une très ancienne occupation de l’Europe à plus de 1,5 millions d'années, l’existence d’une industrie du Paléolithique supérieur antérieure à l'Aurignacien classiquement considéré comme la première manifestation de l'Homme moderne en Europe et enfin les premières manifestations du Gravettien, 10.000 ans plus tôt qu'ailleurs. Une riche soirée en perspective.
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Aleta et Jean-Luc Guadelli |
Note:
Le contenu et les informations scientifiques émanant des résumés
n'engagent que leur auteur, soit le conférencier.
L’Archéo-Logis, 43150 Goudet, tél 0471571056 fax 0471571190, email cderad@yahoo.fr / archeologis@free.fr