CONFERENCES 2006
LES JEUDIS  DE L'ARCHEO-LOGIS

Pour retrouver les sept années d'archives des cycles de conférences (2005-2004-2003-2002-2001-2000-1999-1998-1997), c'est ici

 

Archéo-Logis de Goudet - 21 heures – entrée 2 € 



20 juillet - Milieux et sociétés en Afrique centrale, par Bernard PEYROT, Ministère de la Coopération.

Bernard PEYROT
9, chemin de la grande terre,
43400 Le Chambon sur Lignon
Tél. 04.71.59.28.76

Docteur habilité et Ex-enseignant-chercheur universitaire du ministère de la Coopération et des Affaires Etrangères, Bernard PEYROT a été professeur aux universités du Congo, du Rwanda, du Gabon, du Burundi et du Mali. Il est l’auteur de nombreuses publications sur la préhistoire africaine et son art encore largement méconnu et sur l'évolution des milieux naturels en Afrique centrale.


En Afrique Centrale forestière les importants changements climatiques qui ont marqué la paléoécologie tropicale au Pléistocène et  l'Holocène ont profondément modifié les écosystèmes dans leur structure leur comportement et  leur distribution géographique. Comme ailleurs, l'évolution des sociétés préhistoriques s'est effectuée depuis des millénaires en réponse à la variabiltée environnementale passée.
L'obtention de données précises d'enregistrements sédimentaires et pédologiques, couplées à celles de l'archéologie permet en révisant de manière fondamentale les considérations jusqu'alors en vigueur, de reconstituer les relations hommes-milieux et de disposer d'informations essentielles pour savoir comment les écosystèmes et les hommes ont réagi à la mouvance climatique.

 


27 juillet - Un volcan et des hommes à la fin des temps glaciaires : le Puy de la Nugère, par Gérard VERNET, INRAP.

Gérard VERNET, Docteur en Géologie du Quaternaire, est Ingénieur chargé de recherche à l’INRAP, Chercheur-associé à l’UMR 6042 CNRS " Géodynamique des milieux naturels et anthropisés " de l’Université de Clermont-Ferrand. Il est spécialisé dans l'étude des retombées volcaniques.

Le puy de la Nugère est lié à deux produits emblématiques de l’Auvergne : La fameuse « Pierre de Volvic » et la non moins célèbre « Eau de Volvic ». Il est également un édifice important de la Chaîne des Puys tant pour les études réalisées sur l’édifice lui-même (son histoire, son évolution magmatique, sa chronologie) que sur ses produits distaux (téphras en Limagne et au-delà).

Le puy de la Nugère appartient à la partie Nord de la Chaîne des Puys où il apparaît comme un ensemble complexe et imposant. En effet, Les premiers auteurs (et en particulier Glangeaud en 1913) soulignent le caractère complexe de ce volcan. Il est également l’un des plus volumineux de la Chaîne des Puys.  Bentor (1954) puis Camus (1975) étudient ce volcan et montrent son évolution en plusieurs périodes :

-         une période initiale à magma basaltique : cônes stromboliens précurseurs dits « Ancienne Nugère » et cône strombolien principal dit « Grande Nugère »,
-
         une période trachy-andésitique comprenant une phase initiale explosive qui constitue la « Nouvelle Nugère » et une phase effusive finale qui édifie le « Puy de la Louve ».

Cette histoire éruptive avec modification chimique du magma (comportant un cas typique de mélange magmatique) a été située dans le temps par une seule date TL  réalisée par Guérin (1983) de 10 900 plus ou moins 2 400 ans qui porte ne que sur la mise en place de la phase effusive finale (c’est à dire la coulée de la fameuse Pierre de Volvic).

Les études de téphrostratigraphie réalisées en Limagne depuis plus de 15 ans (Vernet, 1992) ont permis de proposer comme volcan-source le puy de la Nugère pour au moins quatre téphras : la retombée de Cellule, la retombée de la Moutade, le téphra CF1a et le téphra CF1b. L’étude de ces différents recouvrements téphriques permet de confirmer l’importance des éruptions qui ont constituées l’édifice de la Nugère. En effet, nous pouvons voir que les lobes de dispersion de ces cendres couvrent de vastes zones, que l’impact sur les biotopes est notable et enfin que le volume des cendres pour le complexe téphrique CF1a/CF1b à l’hectare est en moyenne de 1 500 m3. Le téphra CF1b a été le premier recouvrement téphrique, issu de la Chaîne des Puys, qui a été repéré en contexte archéologique : en effet, il adhère aux outils de pierre et aux ossements du dernier niveau d’occupation du site magdalénien d’Enval.       

  


3 août - Le roman préhistorique confronté aux faits établis, par le Dr J.G. ROZOY, préhistorien.

Né en 1922 à Charleville, le Docteur J.G. Rozoy commence en 1939 des études supérieures interrompues par la guerre. Il est déporté politique au camp de concentration de Dachau et libéré en mai 1945 par les américains. Il reprend ses études ; Maitre d'Internat, adjoint d'enseignement, puis Docteur en Médecine. Dès 1958, il établit l'inventaire préhistorique du département des Ardennes. Il découvre, fouille et restaure une allée couverte, découvre, fouille et reconstitue graphiquement une cabane funéraire gauloise, dirige la fouille de deux nécropoles celtes. Après l'édition de la Typlogie de l'Epipaléolithique (mésolithique), il est docteur d'Etat ès Sciences en 1977 avec sa thèse "Les derniers chasseurs". Il découvre fouyille et publie avec Colette Rozoy le Magdalénien supérieur de Roc-la-Tour I où ils identifient, sur 491 plaquettes travaillées, 75 dessins d'animaux ou humains et 410 signes ou tracés assimilés. Fouilles encore, et publications intégrales, à Belloy, à Fère-en-Tardennois, à Tigny, au Tillet, d'où les délimitations du tardenoisien, de la Culture de la Somme et de l'Ardennien, dans lequel il découvre et publie en 2002-2003 une cabane enterrée. Il a participé à de très nombreux Colloques et Congrès nationaux et internationaux et publié 215 textes de préhistoire dont 37 à l'étranger dans 8 pays. Tous ces travaux ont été le plus souvent auto-financés. Son travail le plus important, "L'évolution du cerveau se poursuit", paru en 2003 dans l'Anthropologie est un tout nouveau regard sur la conception de l'évolution actuelle de notre espèce.


Substitut des contes de fées, se disant plus réaliste, le roman préhistorique doit (devrait) reconstituer nos ancêtres, approfondir et rendre vivante aux yeux de tous la nature même de l'Humanité et de ses sociétés successives. D'où des résonances sociales et philosophiques importantes. mais, ignorant (ou rejetant) l'existence et la poursuite de l'évolution biologique, persuadés d'une "nature humaine" mauvaise par essence et inaméliorable, Une majorité des auteurs (100 sur 145 analysés) a, au mépris des faits relevés par les scientifiques, inventé des conflits sanglants dont il n'y a pas trace en Europe avant l'âge du bronze et sui, nulle part, n'ont existé au paléolithique. En présence des fauves, fraternité, solidarité et amour ont été par nécessité le fonds même de l'humanité pendant trois millions d'années, dégageant notre espèce du monde animal. Ces valeurs demeurent, malgré la parenthèse de la violence en cours depuis quatre mille ans, les facteurs sociaux fondamentaux sur lesquels nous devons baser nos espoirs et nos actions, malgré les fortes difficultés à canaliser et surmonter la violence.

 


10 août - Des hommes et des ours, par Dominique ARMAND, Université de Bordeaux 1.

Dominique ARMAND est Ingénieur d’étude en archéozoologie à Université Bordeaux 1. Ses activités de recherche concernent les faunes moustériennes de Charente et les Ours préhistoriques. Ses travaux l'ont en particulier amenée à co-diriger la fouille d'une grotte à ours dans le massif pyrénéen des Arbailles (64). Cette spécialisation lui a valu de participer à de nombreuses opérations muséographiques  avec le Musée national de préhistoire des Eyzies et avec le Muséum d'Histoire naturelle de Bordeaux.



L'ours brun et l'ours des cavernes ont coexisté à l'époque préhistorique et le second a disparu de nos régions aux envirions de 15000 ans, avant la fin des glaciations.
Des études anatomiques, des analyses biochimiques et des découvertes faites dans des tanières d'ours actuelles et fossiles permettent d'entrevoir des différences de comportement entre ces deux espèces et sans doute l'occupation de niches écologiques différentes.
Pour les hommes qui le cotoient actuellement, l'ours brun est un animal à forte valeur symbolique. L'ours des cavernes a t'il joué un rôle similaire dans l'imaginaire des hommes de Néandertal et de Cro Magnon ?

 


17 août - Préhistoire en Sibérie (titre provisoire), par le Pr Jacques JAUBERT, Université de Bordeaux 1

Jacques Jaubert est professeur à l'Université de Bordeaux 1 où il dirige l'unité mixte de recherche PACEA. Il a conduit pendant sept ans une mission archéologique consacrée au Paléolithique de la Mongolie et s'intéresse désormais depuis trois ans à la préhistoire de l'Iran. Ses travaux de fouille en France ont été consacrés pendant une dizaine d'années à la grotte de Coudoulous (Lot), important site du Paléolithique  ancien et moyen dans lequel il s'est particulièrement intéressé aux rapports Homme-Animal en collaboration avec Jean-Philippe Brugal. Il dirige actuellement avec Jean-Jacques Hublin (Institut Max Planck de Leipzig) la fouille programmée du site de Jonzac (Charente), importante séquence sur la transition du Paléoilthique moyen  au Paléolithique supérieur. Jacques Jaubert est auteur ou co-auteur de plusieurs ouvrages de préhistoire et de nombreux articles scientifiques consacrés aux peuplements du paléolithique moyen en Eurasie. 

Cette conférence brossera un panorama sur les premiers peuplements préhistoriques de Sibérie (Altaï, Ienisseï, Baïkal, etc.) et sur la richesse d'une documentation peu connue en Occident.

On y recense en effet des premiers peuplements attestés depuis au moins 200-250 000 ans et de très nombreux sites moustériens sous abris ou de plein air moustériens, assez proches de ceux de l'Europe et du proche-Orient. Se pose cependant la question de savoir si ces outillages de pierre furent ou non l'œuvre des Néandertaliens.

On a découvert ensuite ce qui est interprété comme une phase initiale du Paléolithique supérieur, dès 40 000 ans, donc l'œuvre des Hommes modernes  (ce qui pose un problème) et ensuite des cultures pas si différentes de celles de l'Europe (ressemblant à l'Aurignacien) qui perdurent jusqu'au jusqu'au dernier maximum glaciaire (vers 18 000 ans). D'exceptionnelles séries d'art mobilier sont en outre connues à Malta vers 22 000 ans.

Après, tout change et on a l'impression que le monde sibérien bascule plus vers l'Extrême-Orient que vers l'Europe, avec au Tardiglaciaire la conquête de l'extrême nord-est sibérien et le passage vers l'Amérique via la Béringie alors exondée.

 


24 août - ÈVES BARBARES : VÉNUS DE LA PRÉHISTOIRE RÉCENTE , Par Julia ROUSSOT-LARROQUE, Directeur de recherche au CNRS
 

Julia Roussot-Larroque, après avoir reçu l'enseignement du Professeur François Bordes et de Denise de Sonneville-Bordes au laboratoire de Préhistoire de l'Université de Bordeaux, s'est consacrée aux périodes récentes de la Préhistoire et à la Protohistoire ancienne. Ses travaux portent sur le Mésolithique , le Néolithique et l'âge du Bronze, plus particulièrement dans l'Ouest et le Sud-Ouest de la France. Elle est directeur de recherche émérite au CNRS.

Les "Èves barbares" de la préhistoire récente (Néolithique et âge du Bronze), sont moins connues du public français que les "Vénus" du Paléolithique supérieur. Très rares dans notre pays, elles sont beaucoup plus nombreuses en Europe orientale, où elles reflètent probablement une influence du Proche-Orient.


De nombreuses questions se posent sur leur signification (religion, magie, reflet de la condition féminine dans les sociétés concernées ?). Mais en tout cas, par leur variété, leur étrangeté parfois et souvent leur qualité esthétique, elles constituent une partie importante du patrimoine culturel de notre "vieille Europe".

 


31 août - Des éruptions volcaniques aux reliefs actuels, par Guy KIEFFER, CNRS.

Guy KIEFFER, chercheur au CNRS. s'est formé au volcanisme actif sur l’Etna et ses recherches l’ont également amené à intervenir sur les ensembles volcaniques d'Hawaii, des Iles Galapagos, de la Réunion, du Cap Vert, des Canaries, des Açores, d'Islande, mais également de Djibouti et d'Ethiopie, d'Amérique Centrale et du Sud... Il s’est aussi intéressé au volcanisme ancien et a travaillé dès le début de sa carrière sur les vieux volcans du Massif Central français du double point de vue du volcanologue et du géomorphologue. Il nous invite aujourd'hui à découvrir les relations entre les éruptions du passé  et les reliefs actuels.

 La variété des éruptions volcaniques est à l'origine d'une multitude de types de relief qui font l'originalité des régions où elles se produisent. Les dynamismes éruptifs, responsables de l'édification de ces reliefs, dépendant d'abord de la composition des magmas qui conditionne leur viscosité et leur teneur en gaz, essentielles dans le déroulement d'une éruption.

 Les magmas basiques, les plus fluides, en particulier les basaltes, caractérisent les limites des plaques tectoniques divergentes, comme au niveau des rides médio-océaniques, des points chauds et des rifts continentaux, où l'écartement ou la perforation de la lithosphère permet des montées directes de laves depuis le manteau supérieur. Ils donnent lieu à des manifestations de violence modérée, à l'origine des la construction de cônes de scories soudées ou de cônes stromboliens et émettent des coulées capables de parcourir de nombreux kilomètres.

 Les magmas acides, plus visqueux et riches en gaz, caractérisent communément les zones de subduction où s'affrontent les plaques tectoniques convergentes. La fusion profonde des matériaux entraînés par le mouvement plongeant des unités subductées produit des laves, comme les dacites et les rhyolites, dont l'émission s'accompagne de phénomènes éruptifs très violents et dangereux, à l'origine de quantité de roches pyroclastiques et capables de modifier considérablement l'environnement du volcan. L'intervention fréquente d'eaux infiltrées peut en outre perturber le déroulement normal d'une éruption, car leur vaporisation par la chaleur des magmas entraîne régulièrement un accroissement considérable de la violence éruptive.

Il sera montré des aspects phénoménologiques des principaux types d'éruptions et de formes issus de l'activité elle-même, avec des documents provenant de nombreux volcans actifs. Mais, en particulier grâce aux vestiges des éruptions qui ont marqué le Massif central français, il sera possible de comprendre comment évoluent les reliefs après l'arrêt des éruptions, pour créer des paysages dont le pittoresque n'a rien à envier aux formes directement construites par les manifestations éruptives.


Note: Le contenu et les informations scientifiques émanant des résumés 
n'engagent que leur auteur, soit le conférencier.


L’Archéo-Logis, 43150 Goudet, tél 0471571056 fax 0471571190, email  cderad@yahoo.fr / archeologis@free.fr