CONFERENCES 2008
LES JEUDIS  DE L'ARCHEO-LOGIS

 

Archéo-Logis/CDERAD, Les Coustilles, 43150 Laussonne

Tèl: 0471050758

21 heures – entrée 2 € 



24 juillet – Le Mammouth, symbole et ressource, par Dominique ARMAND, Université de Bordeaux 1

 Dominique Armand est Ingénieur d'étude en archéozoologie à l’Université Bordeaux 1 (UMR 5199 PACEA). Ses activités de recherche concernent les faunes moustériennes de Charente et les Ours préhistoriques. C'est en Charente qu'elle a eu l'occasion de travailler sur des gisements livrant des restes de Probiscidiens, ces restes étant retrouvés seuls ou en contexte archéologique.

 

in Capitan,Breuil et Peyrony, Les Combarelles aux Eyzies (Dordogne), Monaco, 1924.
 

Les terres gelées de Sibérie ont livré des cadavres de mammouths et ces découvertes ont donné aux paléontologues une somme d'informations d'ordinaire non accessibles. Plus près de nous, dans  des sites tels que ceux de Torralba ou d'Ambrona en Espagne, on a pu se demander si les proboscidiens avaient été chassés. Ils ont en tout cas parfois été consommés et leurs restes, os et dents, utilisés à des fins diverses. Enfin le mammouth a été représenté par les hommes préhistoriques, par exemple sur les parois de la grotte de Rouffignac ce qui suggère une relation symbolique à l'animal. La conférencière nous fait partager les connaissances amassées lors de ses recherches et qui sont aujourd’hui dispensées sous la forme d’un cours pour les étudiants de l'école du Louvre et du Master de Préhistoire de Bordeaux.


31 juillet – La mémoire d’un fleuve : aménagements portuaires antiques et historiques en bord de Saône à Lyon, par Grégoire AYALA, INRAP,

Grégoire Ayala est Ingénieur de recherche à l’Institut national de recherche archéologique préventive (INRAP), diplômé en Histoire et Civilisation de l’Antiquité Classique. Son expérience de fouille, s’est construite en France sur les chantiers d’archéologie préventive mais aussi largement à l’étranger, dans le monde classique méditerranéen, en tant que boursier des Ecoles française de Rome et d’Athènes et du CNRS et où il a participé à de nombreuses missions archéologiques en Italie, Grèce, Tunisie et au Maroc.

 

Une épave romaine en cours de fouille à Lyon (cliché INRAP)

L’opération d’archéologie préventive engagée dans le cadre des travaux de construction d’un parc de stationnement souterrain, place Benoît Crépu, sur la rive droite de la Saône, à Lyon, a permis de déceler l’évolution progressive d’un secteur vouée dès l’Antiquité à une activité portuaire. Cinq embarcations à fond plat de fort tonnage témoignent de l’arrivée à Lugdunum d’importants chargements, preuve des relations commerciales entretenues avec le monde romain. Dans le courant du XIIe siècle, un bâtiment préalablement édifié autour de l’an 1000 est rejoint par un mur de grandes dimensions élevé le long de la berge. À partir du XIIIe siècle, le secteur s’urbanise progressivement. L’orientation générale des maçonneries annonce le tracé du parcellaire médiéval qui va se maintenir jusqu’à nos jours. L’absence de toute construction sur l’emplacement du futur port Sablet atteste sans doute la pérennité de la vocation portuaire de cet emplacement depuis l’Antiquité. Sept embarcations témoignent de l’activité fluviale au début de l’époque moderne. L’aspect architectural du port du XVIe siècle reste difficile à cerner, en raison des profonds remaniements occasionnés par la construction des marches monumentales au XVIIe siècle. La scénographie des façades situées sur la rivière, les pieds dans l’eau, est désormais implantée et perdurera jusqu’au milieu du XIXe siècle.


7 août – Néandertal, chasseur en Vivarais, par Camille DAUJEARD, Université Lyon II

Camille Daujeard est archéozoologue, docteur de l’Université Louis Lumière Lyon 2. Sa thèse a été consacrée à l’étude de l’exploitation du milieu animal par les Néandertaliens dans le Sud-Est de le France. Elle poursuit aujourd’hui ce travail  entre Ardèche et Massif central et participe à l’étude des sites moustériens du Velay.

 

Un canyon du Vivarais, les gorges de l'Ardèche (cliché M.H. Moncel).

La vallée du Rhône, lieu de passage entre l’Europe du Nord et le monde méditerranéen et charnière entre les montagnes du Massif-Central et les contreforts alpins), a joué un rôle majeur dans les processus de peuplement préhistorique. Sure sa rive droite, le Vivarais, riche en cours d’eau, gorges et plateaux calcaires renfermant de nombreux abris-sous-roche, a connu une  occupation humaine persistante tout au long des périodes glaciaires ou interglaciaires successives. Plusieurs sites paléolithiques dont les âges varient de 200 000 à 30 000 ans, sont localisés sur les plateaux ardéchois (Orgnac 3 et Baume Flandin), en bordures de cours d’eau (Vallée du Rhône, gorges de l’Ardèche et du Chassezac, et plus en altitude, sur le Massif-Central (Sainte-Anne 1 et Baume-Vallée en Haute-Loire par exemple). L’étude archéozoologique, menée sur les restes osseux des petits, moyens et grands herbivores et quelquefois des Carnivores des sites moustériens, éclaire sur les stratégies de chasse et les habitudes alimentaires des groupes de Néanderthaliens. On distingue des grands campements temporaires saisonniers, les haltes de chasse régulières et les escales ponctuelles. 


14 août – Néandertal en Velay, par Jean-Paul RAYNAL, CNRS

 Jean-Paul Raynal, Directeur de recherche au CNRS (UMR 5199 PACEA), fouille en Velay depuis 1974. Il anime chaque été l'Archéo-Logis maintenant implanté à Laussonne et partage ses activités de recherche entre l'Europe (France, Italie) et l'Afrique (Maroc, Ethiopie). Spécialiste de préhistoire ancienne formé à l'Ecole de Bordeaux sous la direction du professeur François Bordes, il est aussi géologue du Quaternaire et spécialiste de stratigraphie en domaine volcanique.

 

Biface en trachy-phonolite, grotte de Sainte-Anne I (cliché J.P. Raynal).

Le conférencier  présente les résultats tirés de l'étude de deux sites-clés de Haute-Loire, la grotte de Sainte-Anne 1 à Polignac et l'abri-sous-roche de Baume-Vallée à Solignac-sur-Loire, qui ont fait l’objet de fouilles de longue durée et ont livré des informations très détaillées. Les études effectuées et en cours dans ces différents sites par de nombreux spécialistes concernent les climats, les animaux chassés, les outils de pierre et les comportements humains. Elles établissent l’ancienneté de ce peuplement et permettent aujourd’hui de mieux comprendre les processus de subsistance des Néandertaliens. Ces groupes de chasseurs ont parcouru le Velay entre 200 et 30 millénaires avant notre ère, sous des climats changeants mais le plus souvent moins cléments que l’actuel. Très mobiles, ils se déplaçaient saisonnièrement entre Rhône et montagne et des plaines de Limagne et du Forez aux Cévennes.
 


21 août – Aux origines des mondes ruraux: la Néolithisation de l’Europe, par Julia ROUSSOT-LARROQUE, CNRS

Julia Roussot-Larroque, après avoir reçu l'enseignement du Professeur François Bordes et de Denise de Sonneville-Bordes au laboratoire de Préhistoire de l'Université de Bordeaux, s'est consacrée aux périodes récentes de la Préhistoire et à la Protohistoire ancienne. Ses travaux portent sur le Mésolithique , le Néolithique et l'âge du Bronze, plus particulièrement dans l'Ouest et le Sud-Ouest de la France. Elle est directeur de recherche émérite au CNRS (UMR 5199 PACEA).

 

Céramique cardiale, in Guilaine, Courtin, Roudil et Vernet, Premières communautés paysannes en méditerranée occidentale, CNRS, 1987.
 

Depuis son apparition sur terre, l’humanité avait vécu pendant des millénaires des ressources sauvages par la chasse, la pêche et la cujeillette. L’apparition de l’élevage et de l’agriculture représentent une étape décisive. Les rapports de l’homme avec la nature en sont profondément transformés. Cessant de vivre en simple prédateur, il marque de plus en plus son empreinte sur les paysages et transforme les animaux et les plantes. Des innovations matérielles accompagnent ce changement, telles la céramique et le polissage de la pierre qui donne son nom à cette nouvelle ère, le Néolithique. En Europe, cette mutation suit un lo,g chemin depuis le Proche-Orient, par la Méditerranée mais aussi par les Balkans et l’Europe orientale et centrale, jusqu’aux rives de l’Atlantique.


28 août – Les volcans et la mer, par Guy KIEFFER, CNRS

 Guy Kieffer, aujourd’hui retraité du CNRS, s'est formé au volcanisme actif sur l’Etna et ses recherches l’ont également amené à intervenir sur les ensembles volcaniques d'Hawaii, des Iles Galapagos, de la Réunion, du Cap Vert, des Canaries, des Açores, d'Islande, mais également de Djibouti et d'Ethiopie, d'Amérique Centrale et du Sud. Il nous invite à découvrir les relations complexes entre les volcans et l’eau.

 

In Zurcher et Margolle, Volcans et tremblements de terre, Hachette, 1866.

Les plus spectaculaires résultent de la libération brutale de fortes pressions engendrées par la vaporisation de l’eau au contact du magma. On connaît les puissantes éruptions hydromagmatiques de type maar ou de type surtseyen, qui ont façonné les paysages vellaves, mais aussi les explosions cataclysmiques dirigées de type Bandaï ou Saint Helens. L’irruption d’une lave sous un glacier peut également provoquer des débacles parfois gigantesques d’eau de fonte et de boue (lahars), phénomène bien connu en Islande. Des manifestations plus calme prennent place lorsque s’instaure un système hydrothermal qui permet à la vapeur de monter jusqu’en surface pour donner des geysers, des solfatares, des champs géothermaux ou encore certains lacs de cratères actifs. Le volcanisme des fonds marins est pour sa part à l’origine de l’émergence de nouvelle terres sous la forme d’îles et d’archipels dont la configuration et la pérennité sont sans cesse remises en question par la poursuite de l’affrontement entre les forces volcaniques et marines, les effets de l’érosion ou encore les subsidences qui sont à l’origine des atolls. 


4 septembre – Une nouvelle compréhension des abris-sous-roche sculptés paléolithiques grace aux outils 3D, par Camille BOURDIER, Université de Bordeaux 1

 Camille Bourdier est Doctorante en art pariétal paléolithique à l’Université Bordeaux 1 (UMR 5199 PACEA). Elle ptépare une thèse sur les abris-sous-roche sculptés du sud-ouest de la France au Magdalénien moyen. Membre des équipes de G. Pinçon au Roc-aux-Sorciers (Vienne) et à la Chaire-à-Calvin (Charente), elle est également responsable des relevés pariétaux du Cap-Blanc (Dordogne) et de Reverdit (Dordogne).

 

La frise du Roc-aux-Sorciers (cliché G. Pinçon - DRAC Poitou-Charentes)
 

Les abris-sous-roche ornés constituent un phénomène artistique original au cours du Paléolithique supérieur. En effet, à la différence des grottes ornées, ces sites ont été intensément occupés : les œuvres exécutées sur leurs parois étaient ainsi directement associées à l’habitat. Leur étude revêt un intérêt scientifique majeur pour la compréhension du rapport que pouvaient entretenir ces chasseurs-cueilleurs avec leur art. La conférencière évoquera plus particulièrement les abris ornés de la période magdalénienne (13 500 à 11 500 ans avant nous). Ils renferment un art sculpté monumental, composé de représentations animales et humaines, de grandes dimensions (grandeur nature pour certaines) et d’un réalisme étonnant. Dans le cadre des recherches conduites par G. Pinçon et son équipe sur les abris du Roc-aux-Sorciers (Angles-sur-l’Anglin, Vienne) et de la Chaire-à-Calvin (Moutiers-sur-Boëme, Charente), les nouvelles technologies prennent une place majeure dans les phases d’enregistrement, d’analyse et de restitution. Les logiciels de modélisation en trois dimensions (3D) permettent de reconstituer les différentes étapes dans l’élaboration des frises sculptées, qui n’ont cessé d’évoluer au cours de l’occupation des sites. Plus encore, par des comparaisons inter-sites, elle nous amène à préciser les liens entretenus entre ces différents abris, et ouvre ainsi de nouvelles perspectives sur notre connaissance et compréhension de la géographie culturelle de ces groupes humains.

Le Cap Blanc (Dordogne), sculpture de cheval, longueur 2,15 m (cliché N. Aujoulat, CNP)

 


11 septembre - L’Ours dans la littérature, par Dominique ARMAND, Université de Bordeaux 1.

 

Dominique Armand est Ingénieur d’étude en archéozoologie à Université Bordeaux 1 (UMR 5199 PACEA). Ses activités de recherche concernent les faunes moustériennes de Charente et les Ours préhistoriques. Ses travaux l'ont en particulier amenée à co-diriger la fouille d'une grotte à ours dans le massif pyrénéen des Arbailles (64). Cette spécialisation lui a valu de participer à de nombreuses opérations muséographiques  avec le Musée national de préhistoire des Eyzies et avec le Muséum d'Histoire naturelle de Bordeaux.

 

In Du Cleuziou, La création de l'homme et les premiers âges de l'humanité, Flammarion, 1887
 

L'ours brun et l'ours des cavernes ont coexisté à l'époque préhistorique et le second a disparu de nos régions aux environs de 15 000 ans, avant la fin des glaciations. L'ours brun est toujours présent. Les ours ont joué un rôle important dans l'imaginaire des hommes de Néandertal puis des populations modernes. Pour les hommes qui le côtoient actuellement, l'ours brun est un animal à forte valeur symbolique. L'ours est souvent assimilé à l'Homme en raison de certains de ses caractères tels que la bipédie ou son régime alimentaire. C'est ainsi que dans la littérature, on le découvre amoureux de femmes, en rivalité avec l'homme, et pourvu de sentiments. La sortie de la tanière après l'hibernation intrigue, elle est associée au renouveau, à la régénérescence, ce qui explique l'utilisation de certaines parties du corps de l'ours dans les pharmacopées anciennes pour guérir. Ces différents aspects sont abordés par la conférencière.

 


 

Note: Le contenu et les informations scientifiques émanant des résumés 
n'engagent que leur auteur, soit le conférencier.


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